Publié le par Vincent SOYSOUVANH
La méthode waterfall et ses principes
La méthode waterfall, aussi appelée cycle en V, est une approche traditionnelle du développement logiciel reposant sur un découpage séquentiel et rigoureux du projet en différentes étapes.
Cette méthode a été formalisée dans les années 1970 mais ses origines remontent aux années 1950-60 avec les travaux de Herbert D. Benington sur les processus de développement logiciel pour le compte de la NASA.
L'approche waterfall repose sur les principes suivants :
- Le projet est découpé en étapes distinctes et séquentielles
- Une étape doit être entièrement finalisée avant de passer à la suivante
- Il est difficile de revenir en arrière et de modifier une étape déjà validée
- La documentation est cruciale à chaque étape
Cette rigidité conduit à privilégier une approche structurée et méthodique du développement logiciel. Chaque activité s'enchaîne de manière organisée selon un cycle en V.
Les étapes du cycle en V
Analyse des besoins
La première étape de la méthode waterfall consiste à recueillir de manière exhaustive les besoins du client. Il s'agit de définir précisément les fonctionnalités attendues et les contraintes liées au développement logiciel.
Cette analyse doit permettre de rédiger un cahier des charges détaillé qui servira de référence pour les étapes ultérieures. Des entretiens avec le client sont menés afin de bien comprendre ses attentes.
Conception
Sur la base du cahier des charges, l'équipe de conception va procéder à l'architecture technique et fonctionnelle du logiciel. Cette étape vise à définir comment le logiciel sera structuré pour répondre aux besoins.
Des livrables comme des diagrammes UML ou un prototype sont produits pour préciser l'architecture. L'objectif est de fournir une conception détaillée avant le codage.
Codage
Le codage consiste à traduire en code informatique la conception réalisée précédemment. Les développeurs vont implémenter les différents composants du logiciel conformément aux spécifications.
Les bonnes pratiques recommandent de documenter clairement le code produit.
Tests
Une batterie de tests est effectuée de manière approfondie pour s'assurer du bon fonctionnement du logiciel et vérifier sa conformité avec le cahier des charges.
Différents types de tests sont réalisés : unitaires, d'intégration, de charge, d'acceptation, etc.
Déploiement
La dernière étape consiste à déployer la solution logicielle auprès des utilisateurs finaux, après s'être assuré de sa stabilité et de sa qualité. Cette étape comprend l'installation, la configuration, la formation des utilisateurs, etc.
La maintenance du logiciel une fois en production fait aussi partie de cette phase.
Les avantages de la méthode waterfall
La méthode waterfall présente des avantages certains qui expliquent sa popularité dans le développement logiciel pendant des décennies :
Une approche structurée
Le découpage séquentiel du projet en différentes étapes permet une organisation rigoureuse des tâches. Chaque activité a une finalité et des livrables clairement définis.
Cette structuration est rassurante pour les équipes qui savent précisément où elles en sont dans le cycle de développement.
Une documentation complète
La méthode waterfall impose la production d'une documentation exhaustive à chaque étape, notamment via le cahier des charges et les spécifications détaillées.
Ceci garantit une traçabilité et évite les mauvaises interprétations lors du passage de relais entre les équipes.
Des étapes clairement délimitées
Le cloisonnement des étapes (analyse, conception, etc.) permet à chaque corps de métier de se concentrer pleinement sur sa phase, sans dispersion.
Les objectifs sont bien identifiés à chaque stade et les validations éviter de passer à l'étape suivante trop rapidement.
Les limites de la méthode waterfall
Si la méthode waterfall présente des avantages indéniables, elle montre également des limites importantes, en particulier sur des projets complexes nécessitant de l'agilité :
Difficulté à intégrer les changements
Le cloisonnement rigide des étapes rend complexe l'intégration de nouvelles demandes ou corrections en cours de projet. Il faut alors revenir en arrière, ce qui peut s'avérer coûteux.
Or les besoins des clients évoluent fréquemment au fur et à mesure de l'avancement d'un projet. La méthode waterfall n'est pas adaptée à ces ajustements.
Peu adaptée aux projets complexes
Sur des projets complexes ou innovants, il est souvent difficile d'anticiper précisément tous les besoins dès le départ. Une phase exploratoire est souvent nécessaire.
La méthode waterfall laisse peu de place à l'expérimentation et à l'apprentissage au cours du projet.
Risques accrus
Le peu de flexibilité induit des risques importants. Si une étape échoue ou ne répond pas aux attentes, il est compliqué de corriger le tir.
La validation d'une étape s'appuie également sur des prévisions qui peuvent s'avérer erronées par la suite.
Comparaison avec les méthodes agiles
Les méthodes agiles comme Scrum sont apparues dans les années 1990 pour pallier certaines limites de la méthode waterfall jugée trop rigide et risquée.
Contrairement au waterfall, les méthodes agiles prônent :
- Des cycles de développement courts (1 à 4 semaines) appelés sprints
- Une priorisation des fonctionnalités selon la valeur métier
- La livraison fréquente de versions fonctionnelles
- Une implication continue du client
- Une grande réactivité aux changements
L'agilité permet plus de flexibilité et d'adaptabilité dans le développement logiciel. Le produit final est affiné de manière incrémentale en fonction des retours utilisateurs.
Toutefois, la méthode waterfall garde des avantages pour des projets simples et clairement délimités. Les deux approches ne sont pas incompatibles et peuvent se combiner.
Conclusion
Malgré l'essor des méthodes agiles, il reste pertinent de bien connaitre la méthode waterfall, approche historique du développement logiciel.
Elle constitue encore aujourd'hui une référence et ses principes demeurent instructifs. Sa rigueur et sa structuration apportent une vision complémentaire aux cycles plus courts et flexibles des méthodes agiles.
Pour certains projets simples et bien cadrés, elle conserve des avantages de clarification et de structuration du travail d'équipe. D'autant qu'elle peut se combiner de manière hybride avec des pratiques issues de l'agilité.
En résumé, la méthode en cascade mérite d'être connue des professionnels du développement logiciel et des chefs de projet, ne serait-ce que pour ses apports historiques et sa nouvelle actualité.